Derrière ces quatre noms se cache le plus petit des continents, coincé entre les océans Indien et Pacifique, et peuplé de millions de kangourous.
D’où viennent ces noms et comment baptise-t-on un pays ?
Certains prennent le nom du peuple qui l’habite. Les Deutsch vivent au Deutschland, les Thaïs se trouvent en Thaïlande et même les Danois ont la chance d’habiter au Danemark…
D’autres ont hérité du nom d’un saint (les Lucien et les Thomas sont vernis), ou d’un personnage historique comme Bolivar et Colomb. Plus surprenant est d’être affublé du nom d’un fonctionnaire français : Jean Moreau de Séchelles.
Les plus communs se contenteront de reprendre une description physique ou géographique. Les « côtes » de quelque chose et les équateurs se croisent avec les moins originaux. Mais on situera sans peine l’Afrique du Sud sur une carte, le pays de glace (Iceland) et le chemin du Nord (Norvège). Quoique le pays vert trompe son monde : Groenland.
Les pays peuvent aussi changer de nom. Pour effacer un passé colonial, la Haute-Volta est devenue la patrie des hommes intègres (Burkina-Faso) et d’autres ne semblent toujours pas décidés comme le Kongo-Zaïre-Congo.
L’Australie vient du latin Australis, soit du sud lointain, et porte ce nom avant même d’avoir été découverte ! Sans doute est-ce le seul cas de pays né dans l’imaginaire des Européens au début de la Renaissance ! Ils pensaient alors qu’un continent devait exister plus au sud pour éviter que le monde ne bascule… et faire ainsi contrepoids. C’est donc empreint d’une certaine logique que les Britanniques décident de nommer cette terre lointaine Australie dès 1817. Celle-ci ne ressemblait à aucune de leurs îles et ils ne pouvaient lui donner du « Nouvelle-qqch ». À noter qu’il s’en est fallu de peu que les Français y plantent leur drapeau. Plusieurs îles de la côte ouest ayant le chic de s’appeler d’Entrecasteaux, on aurait pu avoir l’île Napoléon et les Australiens auraient été des Napoléoniens…
Mais cela n’a pas été et l’Australie porte un nom, qui est le reflet de notre position colonialiste de l’époque. L’Australie est au bout de quelque chose, en périphérie, dont le départ est la terre des Angles.
Si l'on se rapproche et que l’on cherche une étymologie plus conforme à la réalité locale, j’aurais préféré Sahul, qui désigne la plateforme continentale dans son ensemble, Papouasie incluse. Quand les ancêtres des Aborigènes sont venus sur ces terres, le niveau de la mer était plus bas, permettant à ces premiers hommes de passer librement d’un côté à l’autre. Sahul vient du vieux hollandais Sahoel qui veut dire banc de sable. Les Bataves qui naviguaient au sud de leurs Indes et découvrirent les côtes des Territoires du Nord, ont désigné ces terres par leur apparence.
Sahul pour sable qui rappelle étonnamment le Sahel qui a pourtant une autre origine (de l’arabe sahil pour rivage ou côte). Pour rajouter à la confusion de l’origine des mots, Sahül fut le premier roi d’Israël, signifiant « demandé par Dieu ».
Tout ceci permet de faire la transition sur Nonestica, le continent imaginé par Baum et dont le pays le plus connu est Oz. Nombreux sont ceux à avoir cherché son emplacement, peut-être en quête de la cité d’Émeraude, et ont cru deviner que Nonestica ne faisait qu’un avec l’Australie.
Au pays des Aborigènes, on peut qu’être surpris et étonné par le nombre de mythes qui virevoltent autour du grand serpent Arc-en-Ciel. Ces terres sont propices à l’imagination et aux rêves.
Pour mettre tout le monde d’accord, des savants ont proposé le terme de Méganésie. Méga du grec ancien mégas pour « grand » et nésie de nesos pour îles. Méganésie permet à chacun, Aborigènes et descendants d’Européens, de se retrouver.
Mais que ferait-on des Aussies, fils et filles d’Oz ? Des Wallabies, virtuoses du ballon ovale ?
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