Les Lafeuillade, une famille de légionnaires !
- Nicolas Coursault
- 30 mars
- 4 min de lecture
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Lafeuillade ont le sens de l’honneur ! Non seulement le chef de famille Jean L. est officier de la Légion d’honneur, mais ses enfants se sont également illustrés dans toutes les armées.

Jean Lafeuillade naît en 1852 à Olargues dans le Haut-Languedoc, fils de Jean et d'Albérie Tinchou. Engagé volontaire à tout juste 17 ans, juste avant la guerre franco-prussienne à laquelle il va participer, notamment lors des batailles de Borny, Rezonville (où il assiste à la dernière grande bataille de cavalerie d'Europe)
et Gravelotte, 3 victoires françaises ! Il est fait prisonnier le 29 octobre 1870 sans doute à Metz, avec toute l'armée de Bazaine, lors d'une capitulation honteuse qui alimentera le désir de revanche des Français. Libéré en juin 1871, il suit l'école de tir du camp du Ruchard et devient officier en 1876. Puis il passe un temps en Algérie, de 1881 à 1888. Jean Lafeuillade a les yeux gris, mesure 1,60m, cheveux châtains. Il se marie à Adèle Saffray, jeune bretonne, avec qui il a 5 enfants : Jean-Albéric, Paul, Marguerite, Maurice et René (photo jointe). Jean L. fera une terrible chute de cheval en 1887 où il se fracture l'humérus. Chevalier et officier de la Légion d'honneur, il termine sa carrière en 1912 au grade de commandant après 43 années de service.

Son fils aîné Jean-Albéric naît à Tiemcen en 1884, Saint-Cyrien, il participe à plusieurs opérations militaires en Algérie et au Maroc entre 1910 et 1913. Il fait preuve d’un courage exemplaire lors de la bataille de Gerbéviller fin août 1914. Lui et le 2e bataillon de chasseurs à pied vont tenir le village et retenir l’avancée allemande. Il est blessé le 28, une balle fracasse sa mâchoire, tandis que des éclats d’obus viennent entailler sa cuisse, sa jambe gauche et son bras droit. Bien que dans l’impossibilité de parler, il tient à conserver le commandement de son unité et refuse d’être transporté à l’arrière avant la fin du combat. « Officier d’un courage et d’une énergie remarquables » dirent ses supérieurs. Suite à cela, il est promu chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. Il sera élevé au grade d’officier dans le même ordre en 1934. Lieutenant-colonel, il a écrit deux ouvrages sur la stratégie militaire et les mathématiques.

Le cadet, Paul Lafeuillade, suit les pas de son frère, lui aussi Saint-Cyrien. Son dossier militaire se déroule sans fin, tant sont nombreuses ses citations : « officier venu de la cavalerie, d’un allant et d’une crânerie à toute épreuve »… « officier d’un calme et d’une bravoure éprouvée »… « de grandes qualités militaires, un courage personnel et une ténacité au-dessus de toute éloge »… Il termine la guerre 1914-1918 titulaire de 7 citations, Croix de Guerre ornée de 4 palmes et 3 étoiles. Chevalier, officier et commandeur de la Légion d’honneur, il accède au grade de Général de brigade et participera à la seconde guerre mondiale comme résistant au sein du réseau Samson. Il est l'auteur d'un livre : "Un banquet chez Horace".

Le troisième garçon, Maurice, avait choisi la mer plutôt que la terre, et va prouver sa bravoure aux batailles de Dixmude et Nieuport, comme fusilier marin. Son Commandant Fortoul dira de lui : « je crois que peu de garçons ont autant payé de leur personne sur terre et sur mer au cours de la guerre, et c’est avec conscience que je crois pouvoir le recommander pour le ruban rouge. » En 1921, il est promu chevalier de la Légion d’honneur. Lieutenant de vaisseau, il sera aussi Capitaine au long cours, carrière qui l'amène à être témoin du tremblement de terre de Yokohama en 1923, puis pilote de la rivière Saïgon. Lui aussi intègrera un réseau de résistance, celui de René Nicolau en Indochine. Sa dernière action sera de piloter le porte-avions Béarn à travers les méandres de la rivière Saïgon à l'automne 1945.

René, le « petit » dernier, est engagé volontaire à tout juste 18 ans. Pour lui, ce sera les airs et il obtient son brevet de pilote en 1915. Ses officiers écriront : « Très bon pilote. S'est particulièrement distingué pendant les journées des 4 et 6 septembre 1916 et la préparation de l'attaque du 14 octobre, volant quelque soit l'état de l'atmosphère. » Son équipage reçut cette citation : "Excellent équipage qui rend les plus grands services par ses reconnaissances hardies, ses réglages de tir et ses prises de photographies souvent attaqués par des avions ennemis, soumis à des tirs précis d'artillerie, ont toujours terminé leur mission faisant preuve journellement de courage, de sang-froid et d'énergie." En sus de la croix de guerre, on lui décerne la médaille militaire en 1931, surnommée la Légion d’honneur du sous-officier, et la croix du combattant volontaire.
Je n’oublie pas Marguerite Lafeuillade, l’unique sœur de ces quatre héros. Sans doute ne pouvait-elle rester les bras croisés et elle participera à la Grande Guerre comme infirmière à la Croix-Rouge française. Sa belle-sœur Marie-Louise de Guérin, épouse de Maurice Lafeuillade, fera de même. Son uniforme d’infirmière est exposé au musée de la Marine à Toulon (don de la famille Coursault).

Maurice et Marie-Louise auront deux enfants : Suzanne qui épousera un officier de marine, Michel Coursault, lui aussi chevalier de la Légion d’honneur, et Jacques Lafeuillade, qui mourra dans les montagnes tonkinoises en avril 1945, pourchassé par les Japonais.
Citons encore Yannick Lafeuillade, lieutenant au sein du corps expéditionnaire commandé par Leclerc, qui débarque en Indochine fin 1945, et François-Pierre L., membre de la résistance, tous deux fils de Jean-Albéric.
Ces très courtes biographies reflètent qu’une infime partie des vies de ces hommes et femmes et je m’excuse par avance pour ceux que je n’aurais pas cités (par manque d’informations).
Axel Coursault, descendant de Jean Lafeuillade, a retrouvé la tombe de son aïeul en 2025 à Avignon. Alors que celle-ci doit être détruite, une cagnotte est lancée pour sauver de l'oubli ce soldat français :


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