Tour du Monde de la Jeanne d'Arc 1937-1938
En octobre 1937, le croiseur-école de la Marine nationale, la Jeanne d’Arc, quitte le port de Brest pour sa plus longue campagne. Grâce aux écrits laissés par Michel Coursault, jeune Enseigne de vaisseau, et aux rapports du Commandant Auphan, Nicolas Coursault a pu retracer ce tour du monde extraordinaire.
La Tunisie, l’Egypte, Djibouti, Colombo, Singapour, Saïgon et les côtes d’Indochine, les Indes néerlandaises, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, les Nouvelles-Hébrides, les Samoas et la Polynésie, Panama, les Antilles et le Maroc sont autant de lieux que vont découvrir les jeunes Midships.
Ce sont aussi des rencontres de personnages historiques et de peuples lointains...
Les témoignages de Michel Coursault et Gabriel Auphan nous éclairent sur le monde d’avant-guerre, les tensions entre nations, les craintes que suscitent les Japonais et des Allemands. Michel C. parle déjà d’une « guerre mondiale » que tout le monde anticipe à brève échéance. Les alliances ne sont pas certaines et on se méfie des Anglais. Le jeune Enseigne « se désole de cette alliance anglaise » tandis que le commandant Auphan les désigne comme des « ex-alliés », démontrant une défiance qui préfigure Dunkerque et Mers el-Kébir, et qui explique partiellement le sabordage de la flotte à Toulon. Les Américains veulent à tout prix éviter d’être mêlé à tout conflit futur, et se contentent de Pearl Harbor comme poste avancé…
Le voyage de la Jeanne illustre la désunion profonde entre toutes les démocraties, et la naïveté de certains. Mais on est frappé de lire que l’Australie cherche déjà à créer un front Grande-Bretagne-USA-Australie, sujet particulièrement d’actualité en 2022, avec l’alliance AUKUS, douloureusement ressentie en France, qui était déjà ignorée 85 ans plus tôt…
Et que dire de la « défense européenne » à laquelle aspire les autorités hollandaises dès 1938 ! Le journal Les Echos écrivait le 16 novembre 2021 : « On retiendra peut-être dans les livres d'histoire que novembre 2021 a marqué le début de la théorisation d'une doctrine de défense européenne effective »…
Les exemples se multiplient et l’on se demande : qu’apprend-on de l’histoire ?
De façon plus légère, ce tour du monde nous entraîne sur les pas de ce jeune tourangeau, qui méprise dans un premier temps les coutumes et tenues vestimentaires des « indigènes » rencontrés, avant de finir par s’acheter un paréo ! Qui déteste ces fruits exotiques en 1937, mais les savourent en 1938 ! Ce jeune homme qui écrit à sa famille ne pas s’intéresser à la gent féminine, mais qui en évoque si souvent les charmes dans son journal, que ce soit en bien ou en mal… Deux styles d’écriture et de mêmes sujets décrits différemment. La religion est aussi très présente dans ses lettres, tandis qu’il se découvre des talents de caricaturiste.
Ce récit écrit à plusieurs mains est aussi l’occasion de découvrir des lieux isolés, où peu de visiteurs se sont alors rendus. Pago-pago, Mallicolo, Futuna, Angkor, l’île du cimetière, Nuku Hiva, Bora-Bora… tant de petits coins du monde, de lieux traversés qui marqueront à jamais ses visiteurs.
Ce sont aussi des rencontres, celles de personnalités connues comme l’Empereur Bao-Daï, le comte Von Lückner, l’aventurier Alain Gerbault, l’ancien premier ministre Hugues, l’Amiral Ramsay… Mais aussi des peuples, des hommes et des femmes plus ordinaires et plus authentiques, qui donnent à cette expédition toute sa richesse.
Cet ouvrage est le fruit d’un long travail de recherches, de transcriptions, de mise en page, corrections… étalés sur près de deux ans. Je le referme donc non sans émotions, mais je laisse une page blanche pour ceux qui voudront l’enrichir, apporter des détails ou anecdotes.
Nicolas Coursault
Novembre 2022